Jeux de dupes au Jardin des Plantes

Orang outan du jardin des plantes by Kezia 1

Dans sa chanson « le zoo de Vincennes » Bénabar avait vu juste. En captivité, les animaux “s’emmerdent” et même sévèrement. Un article sur le site de la Mairie de Paris nous décrit comment les responsables de la ménagerie du Jardin des Plantes, l’un des plus vieux zoos du monde, tentent de divertir leurs “pensionnaires” – de mauvaises langues diraient prisonniers. Voici quelques extraits de cet article :

En introduction,  le directeur de l’établissement, Michel Saint-Jalme, dresse un topo édifiant :

(…)”l’ennui peut générer le développement de maladies et des troubles du comportement. Selon, directeur de l’établissement, “Dans les années 80 on a commencé à prendre conscience que les animaux en cage peuvent souffrir de la captivité. On a donc essayé d’adapter les enclos aux besoins des animaux afin d’améliorer leur bien-être. Ainsi la Ménagerie a beaucoup évolué. On a remplacé les espèces de grande taille (éléphants, lions, ours…) par des espèces de plus petite taille (panthères, pandas roux…)”, Les espèces menacées d’extinction ont été privilégiées. Les populations captives sont gérées afin de préserver leur variabilité génétique au long terme. Mais qu’en est-il des comportements naturels qui sont transmis culturellement ? Ces programmes d’enrichissement ont aussi pour vocation d’éviter que des comportements à forte valeur adaptative ne soient perdus, en cas de réintroduction dans la nature “(…)

le texte se poursuit :

(…)“Dans la nature, les animaux sauvages passent une grande partie de leur temps à chercher leur nourriture. Derrière les barreaux, ils n’ont aucun effort à fournir et dépriment. Un animal qui s’ennuie peut développer diverses pathologies et devenir agressif envers ses congénères. L’ennui peut engendrer aussi une absence de libido (donc pas de reproduction), obésité, mal être.(…)

Vient la conclusion :

(…)”Aujourd’hui la mission des zoos est de faire de l’éducation à l’environnement, de sensibiliser le public au problème de disparition des espèces, mais, pour que le message passe, il faut aussi de lui donner une perception du bien être animal“.(…)

Et voici, parmi d’autres, deux de ces «programmes d’enrichissement» qui donne tant de bien être aux animaux :

Pour les Orang-Outans, des journaux, des vêtements, des récipients et des hamacs sont disséminés dans les cages pour le jeu et le confort. Ils ont à leur disposition de fines baguettes de bambou qu’ils peuvent introduire dans une fausse termitière, sorte de baril fermé et percé de trous. Le but étant d’extraire des flocons de Blédine (nourriture pour bébé).

Un ara, nommé Indigo, déprime depuis la perte de sa compagne. Pour lui redonner goût à la vie, sa soigneuse dissimule de la gelée au sirop de fruits dans des tiges de bambou. En quelques secondes la tige de bambou est éclatée et méticuleusement évidée. Comme ce jeu s’est vite avéré trop facile. On a compliqué la tache à Indigo en plaçant une noix dans une boîte fermée par une porte. Puis la porte a été fermée par un cadenas, enfin on a ajouté une vis… Indigo ne met pas plus d’une minute pour venir à bout de toutes ces embûches.

Franchement ne prendrait-on pas les animaux pour trop “bêtes” ?
Ainsi un peu de poudre dans une boîte et la vie de ces Orang-Outans captifs deviendrait soudain passionnante. Non, cette piètre imitation de la nature amène juste une note de tristesse supplémentaire au spectacle de ces animaux enfermés. Dans l’hypothèse d’une remise en liberté, ce  n’est pas un tel artifice qui leurs permettra d’affronter une termitière grouillante d’insectes furieux d’être attaqués. Et comment croire que, pour Indigo, le summum du bien être est de déjouer des cadenas et des vis, alors qu’il est originaire de la forêt tropicale, grouillante de bruits, de vies, de parfums et promesse de mille dangers et bonheurs vivifiants ?

Bien sûr, la grande majorité d’entre nous n’ira jamais dans les pays d’origine de ces animaux et nous ne pourrons jamais les voir dans toute la vérité de leur nature. Mais à choisir, mieux vaut un bon documentaire animalier montrant un singe en liberté, tout tranquillement occuper à farfouiller dans une fourmilière en colère. Celui-là, si impalpable qu’il soit, nous en apprendra bien plus sur l’environnement et le bien être animal que ne pourra jamais le faire son infortuné frère, clôturé en ménagerie, ombre de son espèce, condamné à tuer le temps avec une boîte de poudre sucrée pleine de trous !

Pour conclure et rester encore un moment dans notre belle capitale, voici un appel exclusivement réservé au public Parisien :

“Parisien(nes), vous qui  avez la chance d’habiter dans la capitale du pays des libertés et qui aimez les animaux sauvages dans leur nature. Vous qui entendez les faire respecter. Venez vite signer la pétition sur le site http://www.paris-cirque.fr pour qu’enfin les autorités de la Mairie de Paris s’engagent au sujet des animaux sauvages dans les cirques”.

Publié le: 
15/02/2011