Zoo de Strasbourg : ce que disent les experts

Des spécialistes de la faune sauvage se sont penchés sur le zoo de l’Orangerie à la demande de Code animal. Ils dénoncent avec force les conditions de vie des animaux qui y sont détenus.
Un ara au zoo de l’Orangerie, en décembre 2013.

Des entorses aux standards européens sur la captivité des animaux sauvages, commises à deux pas du Parlement européen de Strasbourg ? C’est ce qu’affirme la Fondation pour les ours, organisation allemande de sauvegarde des ours, des lynx et des loups, dans un rapport publié aujourd’hui par Code animal sur le zoo de l’Orangerie. Dénonçant des « conditions de détention épouvantables » et un espace vital qui « n’est absolument pas pris en considération », les experts de la Fondation, vétérinaires, éthologues et biologistes, soulignent « la manière indigne dont les animaux sont maintenus en cage, sur un sol pavé, avec une végétation insuffisante ».

S’appuyant sur cette nouvelle expertise, Code animal, qui avait déjà déposé une plainte contre le zoo pour mauvais traitements en 2013, signe un manifeste avec quatre autres associations, la Ligue pour la protection des oiseaux, le Gepma, Alsace Nature et Animalsace, pour demander la fermeture du zoo et le replacement des animaux dans des sanctuaires.

Des volières « dangereuses »

Concrètement, environ 200 animaux sont actuellement installés dans le parc de l’Orangerie, sur un espace total de un hectare (allées réservées au public incluses)(1).

  • Les deux lynx, dont le territoire en liberté peut atteindre 50 à 60 000 m², doivent cohabiter dans un enclos en L de 50 m² environ.
  • La quinzaine de macaques de Tonkean partagent un espace bétonné d’à peine plus de 220 m².
  • Environ 50 oiseaux exotiques, dont 4 perroquets aras hybrides(2), sont regroupés dans des enclos sur une surface de 95 m²(2).

L’inadéquation du lieu aux besoins physiologiques élémentaires des animaux et la souffrance de ces derniers sont corroborées par un autre expert de la faune sauvage captive, Greg Glendell, comportementaliste britannique, spécialiste des perroquets. « Si les volières ne sont pas assez larges pour permettre un vol prolongé, alors elles sont trop petites », explique-t-il, avant d’ajouter que le fait que les enclos des aras soient vitrés constitue un danger pour eux, « car ils peuvent s’y blesser dans un mouvement de panique ». Quant aux radiateurs installés dans les cages, ils devraient être couverts pour leur éviter de s’y brûler. Dernière précision : « Les vitres sont aussi une menace pour les oiseaux sauvages à l’extérieur, qui ne les voient pas et peuvent s’y cogner ou être déroutés par leur effet miroir. »

« Il n’y a plus de temps à perdre »

Tandis que l’association des Amis du zoo de l’Orangerie, propriétaire des animaux et gestionnaire de l’établissement, met sans cesse en avant « l’attachement » des Strasbourgeois et des soigneurs à « leur » zoo, difficile, devant un tel constat, de prétendre se préoccuper du bien-être animal. « Confiner les animaux dans un espace aussi réduit, en les rendant aussi dépendants de l’homme, relève déjà de la maltraitance », rappelle la Fondation pour les ours. Qui se propose d’assurer la prise en charge des lynx le plus vite possible : « Il n’y a plus de temps à perdre si l’on veut permettre à ces animaux de vivre quelques années dans un environnement naturel (certes encadré) qui convient à leur espèce. »

Alors que les recherches scientifiques les plus récentes ont profondément modifié notre perception du monde animal, une structure archaïque comme le zoo de l’Orangerie n’a plus lieu d’être. Et une municipalité comme Strasbourg, pionnière dans la réflexion sur la place de l’animal en ville, se doit de montrer l’exemple en « mettant un terme aux misérables conditions de captivité de l’ensemble des espèces ».


  1. Source : Les Zoos dans le monde.
  2. Inventaire réalisé par Code animal à l’été 2015, superficies calculées avec l’outil de mesure de GoogleMaps.
À visionner

En décembre 2015, Code animal a filmé les lynx captifs du zoo de l'Orangerie. L'un d'eux ne cessait de faire les cent pas dans son minuscule enclos : des mouvements dits stéréotypiques, caractéristiques d'un mal-être chronique.

Publié le: 
21/01/2016