Les animaux du zoo d’Attilly changent de mains

Le tribunal de commerce de Melun a tranché : le zoo du bois d’Attilly, en Seine-et-Marne, continuera de fonctionner, mais sous l’égide d’un nouveau propriétaire. Autrement dit, on prend les mêmes et on recommence ?
Les cages des singes, en août 2014

Sauvé, le zoo du bois d’Attilly ? Le lieu, sans doute, mais pour les animaux, c’est une autre histoire. Placé en liquidation judiciaire le 27 décembre dernier, l’établissement vient en effet de trouver un repreneur. Le tribunal de commerce de Melun (Seine-et-Marne) a ainsi officialisé la cession du terrain et des animaux à Sauveur Ferrara, psychiatre sexagénaire et millionnaire.

Loin de nous réjouir, la nouvelle est inquiétante à plus d’un titre. D’abord parce qu’elle clôt un feuilleton sinistre, qui se joue depuis l’ouverture d’un zoo régulièrement épinglé pour divers manquements, que ce soit en termes de sécurité du public (par la direction départementale de la protection du public) ou de bien-être animal (par Code animal). Ensuite parce que, durant la procédure de liquidation judiciaire, ni la Fondation 30 Millions d’amis ni Code animal n’ont été sollicitées, alors que la première bénéficie d’un savoir-faire notoire en matière de replacement d’animaux en souffrance et que la seconde a déposé une plainte contre le zoo pour mauvais traitements et défaut de soins. Une indifférence toutefois courante de la part de l’État dans le traitement de telles affaires, mais qui n’en reste pas moins incompréhensible.

Un repreneur mis en demeure

Dans de telles circonstances, le profil du nouveau repreneur, même s’il ne surprend plus, ne rassure pas vraiment quant au devenir des animaux. Car Sauveur Ferrara est également propriétaire du zoo des Trois vallées, mis en demeure par la préfecture du Tarn pour défaut de capacitaire. En clair, le détenteur du certificat de capacité, document attestant d’un minimum de connaissances sur la vie animale, obligatoire pour tout établissement détenant des animaux, ne travaille pas sur place… Un choix étrange que de confier un zoo malade de ses insuffisances à un propriétaire qui bafoue la réglementation.

Peut-on quand même pousser un soupir de soulagement en apprenant que le nouveau propriétaire d’Attilly compte bien installer l’eau potable (pendant des années, le zoo a fonctionné sans…) et restructurer les enclos minuscules des rapaces et « peut-être » des félins, d’après les informations du quotidien Le Parisien ? Difficile. Malgré les nombreuses alertes que nous avons lancées au sujet de ce zoo, malgré notre plainte, malgré les témoignages des visiteurs et les articles de presse, environ 300 animaux, panthères, aigles, chimpanzés, hyènes, un âne, un dromadaire ou encore un porc-épic et un hippopotame, souffrent depuis des années de conditions de vie inadaptées et cruelles. Et, conséquence du changement de propriétaire, la plainte de Code animal pourrait bien tomber dans les limbes de la justice et, avec elle, tout espoir d’une vie meilleure pour ceux du zoo d’Attilly.

Publié le: 
05/02/2016