Que se passe-t-il au zoo d’Attilly ?

L’un des objectifs de la transformation en cours est l’amélioration des conditions de vie des animaux. Sur place, nous avons pu constater une réelle prise en compte du bien-être animal. Mais des enclos plus grands ne font pas d’un captif un être libre.
L'enclos de la panthère noire, en août 2014

Nous l’avons constaté le 21 mai dernier : le chantier du zoo d’Ozoir-la-Ferrière a bel et bien commencé. Deux mois après sa reprise par Sauveur Ferrara, à la suite de la liquidation judiciaire, l’établissement est désormais en cours de transformation et les opérations de rénovation devraient durer jusqu’en 2017 au moins.

Un agrandissement des enclos immédiat

Les animaux devraient ainsi profiter de très nettes améliorations. Et c’est bien le minimum : en janvier 2015, date à laquelle Code animal avait déposé une plainte contre ce zoo pour mauvais traitement à l’encontre des animaux, ils n’avaient pas accès à l’eau potable, les félins évoluaient dans des enclos de moins de 100 m2 et les vautours cohabitaient dans une cage qu’on ne pouvait décemment pas assimiler à une volière, condamnés à marcher sans jamais pouvoir voler. Grâce au chantier en cours, tigres et lions verront leur espace passer à 3 000 m2, les deux macaques de Tonkean, qui étaient séparés, ont été replacés ensemble, le dromadaire, seul dans son enclos, devrait rejoindre les autres herbivores africains, les écureuils de Corée auront accès à un espace extérieur, les vautours devraient pouvoir voler et tous boiront enfin de l’eau potable.

Ni euthanasie, ni éjointage

Les engagements pris par Sauveur Ferrara d’améliorer les conditions de vie des animaux et de veiller à leur bien-être sont indéniables et il convient de les saluer. Dans cette optique, il a également décidé d’une politique « zéro euthanasie ». Alors que 3 000 à 5 000 animaux sont prématurément mis à mort chaque année dans les zoos en Europe, un tel choix revêt une importance toute particulière. Bonne nouvelle aussi pour les oiseaux : aucun éjointage, pratique malheureusement courante dans les zoos, ne sera plus réalisé. Ils seront toutefois rémigés, autrement dit, ils ne pourront plus voler…

Projet phare du propriétaire, un nouveau programme pédagogique devra amener le visiteur à s’interroger sur sa relation au vivant et sur les programmes de conservation ex situ et in situ (1), ainsi que sur l’utilité des zoos. Des travaux de recherche sur le regard du public et sur des alternatives aux zoos d’aujourd’hui devraient avoir lieu sur le site. Une façon pour le moins originale de recycler le discours tenu par les établissements qui tentent de justifier la captivité des animaux au nom de la protection des espèces. À Attilly, le visiteur pourrait ainsi sortir du parc en se disant qu’il n’ira plus jamais dans un zoo !

Et pourquoi pas un refuge ?

Au-delà des mutations entreprises par le zoo d’Ozoir-la-Ferrière et des améliorations indéniables que certaines entraînent pour le quotidien des animaux, Code animal rappelle qu’une cage, aussi grande et aménagée soit-elle, reste une cage. Et qu’il est crucial de remettre en question le droit que nos sociétés se sont accordé de priver de leur liberté des êtres vivants et sensibles. C’est notamment la raison pour laquelle nous nous opposons au projet de Sauveur Ferrara d’acquérir de nouveaux animaux pour briser la solitude de leurs congénères (notamment de l’hippopotame et de la hyène rayée) ou étoffer les groupes (les suricates et les chimpanzés, par exemple). Les individus actuellement seuls doivent être les derniers prisonniers de leur espèce dans ce zoo.

Si la plainte de Code animal – qui n’a toujours pas été instruite – aura permis une refondation totale de ce zoo, nous encourageons également Sauveur Ferrara à aller jusqu’au bout de ses convictions. S’il se soucie du bien-être animal, s’il veut réellement amener le public à s’interroger sur les missions des zoos, pourquoi ne pas entamer une transition de son établissement vers sa transformation en refuge, par exemple pour animaux issus de laboratoires ou condamnés à l’euthanasie ? Chiche !

1. Les programmes de conservation « ex situ » sont réalisés hors du milieu naturel de l’animal, c’est-à-dire au sein du zoo, tandis que les programmes de conservation « in situ » se déroulent sur site, dans le milieu naturel.

Rémiger, éjointer ?

Rémiger un oiseau, c’est couper le bout des rémiges, des plumes qui servent à son équilibre lors du vol. Si ces plumes sont coupées d’un côté, l’oiseau est déséquilibré et ne peut pas voler. Cette opération doit être répétée régulièrement, car les rémiges repoussent.

Éjointer, c’est amputer l’oiseau en sectionnant l’une des deux ailes au niveau du métacarpe, empêchant ainsi son développement complet et le vol. C’est une mutilation irréversible, souvent pratiquée sans anesthésie, dans les premières semaines de vie de l'oiseau.

Publié le: 
19/06/2016